Le Web 3, qu'est-ce que c'est ?

Technologie
Le Web 3, qu'est-ce que c'est ?

Raphaël |

Depuis une quinzaine d'années, nous utilisons le Web 2.0, un ensemble de technologies qui nous permet à tous d'être aussi facilement spectateur qu'acteur d'Internet. Aujourd'hui, de plus en plus de médias parlent, y compris la presse généraliste, du Web 3. Perçu comme sa suite logique, le Web 3 est un peu nébuleux, tantôt présenté comme révolutionnaire, tantôt comme dystopique. Mais qu'est-ce que c'est exactement ?

Une définition qui ne fait pas encore consensus

Pour certains, le Web 3 est une évolution d'Internet qui s'appuie sur la blockchain et les cryptoactifs, deux technologies dont vous avez peut-être déjà entendu parler avec le Bitcoin. Pour d'autres, le Web 3 est un internet plus décentralisé, qui se défait des grandes plateformes et des géants du web. Il est important de conserver à l'esprit que tout ce qui est présenté ici est susceptible de changer et se stabilisera dans les années à venir.

Quelques définitions
Blockchain : une façon de stocker des données, sans serveur, où chaque personne accédant à la donnée peut choisir de stocker et en devenir lui-même fournisseur, formant ainsi un réseau à la manière de sémaphores ou d'aboiements de chiens. Avec cette technologie, la donnée est accessible à tous, sécurisée et inaltérable.
Cryptoactif : l'ensemble des valeurs virtuelles, comme le Bitcoin, mais aussi des titres boursiers ou des monnaies comme l'euro ou le dollar, stockées et échangées à l'aide de la technologie de la blockchain.

Si nous synthétisons les grandes idées du Web 3, plusieurs tendances se dégagent :

  • Le Web 3 s'émancipe des grands groupes et des grandes plateformes. Facebook, Instagram ou Amazon ne sont plus les passages obligés pour accéder à des informations, acheter des produits ou communiquer.
  • Le Web 3 s'appuie moins sur des serveurs dédiés à l'hébergement de sites web et plus sur des technologies décentralisées, plus dispersées, plus sécurisées, où tout le monde peut sans aucun effort mettre à disposition son propre ordinateur personnel pour contribuer au réseau.
  • Le Web 3 est moins dépendant de nations ou de grandes entreprises, grâce à la distribution des données sur le réseau et à l'utilisation de monnaies ne dépendant pas d'un pays ou d'une entreprise.

L'idée majeure est que le Web 3 tire parti au maximum des technologies apportées par la blockchain. L'une des forces de cette technologie est qu'elle n'a besoin d'aucun serveur informatique dédié à son fonctionnement. Chaque utilisateur d'une blockchain le souhaitant peut en devenir un acteur technique, en la stockant sur son ordinateur personnel. Cela permet de répartir les données sur le réseau, de les rendre plus accessible, plus difficiles à altérer ou à censurer.

Concrètement, qu'est-ce que ça change ?

Actuellement, si nous schématisons, lorsque vous accédez à un service, vous vous connectez sur un serveur qui appartient à ce service. Physiquement, il s'agit d'un ordinateur branché à une prise de courant, relié à Internet, situé le plus souvent dans une usine à données, un datacenter, implanté dans le lieu choisi par ce service. Par exemple, OnlineCreation exploite des serveurs équipés de processeurs Intel, probablement comme votre ordinateur personnel, dans un datacenter situé à Gravelines, dans le nord de la France. Une fois connecté à ce serveur, vous fournissez un identifiant et un mot de passe, ce qui permet à ce service de savoir qui vous êtes et ce à quoi vous avez droit. Même si cela n'est pas utile, le serveur dispose de toutes vos coordonnées, de votre adresse e-mail, de votre numéro de téléphone, de votre adresse IP afin de pouvoir vous adresser une facture lorsque vous payez ses services.

Note
Un site hébergé dans le "cloud" est un site hébergé sur un ordinateur qui n'est pas géré par le propriétaire du site. Ce n'est rien d'autre qu'une manière différente de vendre une prestation technique et de l'administrer. Physiquement, rien ne change : le site est toujours stocké sur un ordinateur bien défini et facile à localiser.

Nous sommes maintenant en 2033, imaginons deux cas concrets.

Vous êtes abonnés à un journal d'actualité.

C'est le matin, vous aimez prendre votre petit déjeuner en lisant les dernières actualités du jour. Vous prenez votre téléphone portable et ouvrez l'application de votre journal. 

Au lieu de se connecter aux serveurs du journal, votre téléphone se connecte à une blockchain. Plus besoin de serveurs informatiques à entretenir, la rédaction soumet simplement ses articles sur le réseau qui stocke, distribue, diffuse et sécurise les données. L'application agit comme un portail vers le réseau, mais aussi, si vous le souhaitez, comme un "nœud" du réseau, en stockant une partie des données sur votre téléphone et en les diffusant vous-même aux autres utilisateurs de l'application. Bien entendu, aucun de ces changements n'est visible, sauf si vous vivez dans un pays où la censure est très forte : la blockchain de votre journal est insensible à la censure.

Voici venu le moment de vous identifier. Le journal auquel vous accédez est financé par ses lecteurs, vous payez donc un abonnement pour consulter les articles. Plutôt que de renseigner un mot de passe comme vous l'auriez fait en 2023, l'application se connecte à un portefeuille numérique (sous la forme d'une autre application sur votre téléphone ou d'une clé USB) contenant un droit d'accès à ce journal. Ce droit d'accès est ce que l'on appelle un NFT, un jeton numérique unique, qui vous accorde certains droits et que vous avez acheté au préalable au journal. Seul ce jeton vous identifie, le journal n'a aucune autre information sur vous : vous n'avez pas besoin de donner vos coordonnées ou de créer un compte. Vos informations personnelles sont ainsi protégées et personne (pas même le journal) ne sait qui vous êtes. La consultation du journal est ainsi parfaitement anonyme : vous ne vous êtes connecté à aucun serveur et votre jeton n'a rien révélé sur votre identité.

Qu'est-ce qui change concrètement ici ?

  • Le coût d'entretien technique du journal est proche de zéro, l'abonnement sert donc avant tout au financement de la rédaction.
  • Quel que soit le pays où le journal est consulté, vous consultez toujours le même journal, avec les mêmes articles, aucune censure ne peut être appliquée.
  • Le journal ne sachant pas qui vous êtes, votre vie privée est préservée. Même si la rédaction tombe sous le contrôle d'un régime totalitaire, personne ne pourra savoir que vous consultiez ce journal.
  • Vous n'avez plus de mot de passe à retenir, simplement à être en possession de votre portefeuille numérique.

Vous souhaitez vendre un objet sur un site de petites annonces

Vous n'avez plus d'utilité pour ce vase, il vous encombre, vous voulez le vendre. Vous prenez votre téléphone et ouvrez l'application de petites annonces. 

Votre téléphone se connecte à une blockchain exploitée par l'application de petites annonces pour récupérer les dernières annonces locales. Vous appuyez sur le bouton pour créer une annonce et créez l'annonce. Pour pouvoir la publier, on vous demande de contribuer au fonctionnement technique de la blockchain. Pour cela, l'application se connecte à votre portefeuille numérique et vous demande de payer l'équivalent de 0,01 € pour stocker les données de votre annonce sur le réseau. Vous appuyez sur le bouton et l'annonce est diffusée en quelques secondes chez tous les utilisateurs de l'application.

Quelqu'un se montre intéressé par votre annonce. Après échange, l'acheteur choisit de réserver l'objet. Pour cela, l'application se connecte à son portefeuille numérique et bloque la somme d'argent correspondant à l'objet. L'acheteur peut alors venir récupérer l'objet, ou annuler la réservation. Si l'acheteur annule la réservation, l'argent est rendu. Si l'acheteur vient récupérer l'objet et confirme que tout est en ordre, l'argent est transféré au vendeur.

L'acheteur et le vendeur déposent ensuite un commentaire sur la qualité de l'échange, se recommandant mutuellement. Les commentaires sont stockés sur la blockchain et sont donc accessibles à tous les utilisateurs de l'application, sans modification possible par quiconque.

Qu'est-ce qui change concrètement ici ?

  • Vous n'avez plus de mot de passe ou besoin de créer un compte, seul votre portefeuille numérique vous identifie.
  • Il n'y a plus d'argent liquide ni risque d'escroquerie : l'argent est bloqué sur la blockchain jusqu'à ce que l'objet soit récupéré par l'acheteur.
  • L'application n'a pas besoin de serveurs informatiques, elle est alors moins chère à exploiter et peut proposer des tarifs plus bas.
  • Ce n'est pas une entreprise qui bloque l'argent de l'acheteur, mais un "contrat intelligent", un programme informatique dans la blockchain. Ainsi, même si l'entreprise gérant le site de petites annonces fait faillite, personne ne perd d'argent.
  • Il est facile, sans connaitre l'identité des acheteurs et des vendeurs, de savoir si les transactions se sont bien passées et, ainsi, réduire les risques d'escroquerie.

Tout ça, c'est déjà possible

Toutes les technologies décrites ici existent déjà, mais n'ont pas encore été simplifiées et assemblées pour rendre ces opérations invisibles à l'utilisateur.

  • Le portefeuille numérique sous la forme de clé USB s'appelle Ledger ou Trezor et coûte entre 60 € et 300 €.
  • Les applications décentralisées permettent aujourd'hui par exemple de réaliser des opérations d'investissement boursier sans passer par une banque. En dehors de cet usage spécifique, elles sont peu nombreuses.
  • Les NFT sont principalement utilisés pour obtenir un titre de propriété sur une œuvre d'art. Certains évènements (festival, concerts, etc.) réfléchissent à utiliser cette technologie pour remplacer les tickets d'entrée.
  • Le stockage de données décentralisé est possible avec des technologies comme IPFS, FileCoin, Sia, Storj ou Swarm. L'IPFS (pour InterPlanetary File System) développe aussi l'idée d'un réseau assez décentralisé pour être capable de fonctionner à travers plusieurs astres (la Terre, la Lune, Mars…), indépendamment d'Internet et de ses limitations.

Les évolutions sont très rapides. En quelques mois seulement, de nouvelles technologies révolutionnaires sont susceptibles de remettre en question tout cet article. Une autre évolution, un peu plus lente mais tout aussi déterminante, est celle de la réglementation : les régulateurs vont devoir s'adapter à ces nouvelles technologies et les encadrer. Parfois, la sélection politique fait que le régulateur fera passer la prudence ou l'intérêt des anciens acteurs avant l'innovation, au point parfois de l'interdire simplement, comme c'est le cas pour les cryptomonnaies en Chine. À ce jour, les règlementations européennes vont dans le sens de l'accompagnement raisonné et très encadré de la technologie, limitant par exemple les usages anonymes de bout en bout afin d'empêcher les abus, l'économie illégale, le harcèlement ou le blanchiment d'argent, tout en préservant la vie privée de chacun.

Le Web 3 sera-t-il la réalité dans quelques années ? Correspondra-t-il à ce que nous imaginons aujourd'hui ou aux dystopies imaginées dans les séries telles que Black Mirror ? Dites-moi ce que vous en pensez en commentaire.



Votre commentaire

15/09/2023 17:19:37
Et merci pour votre commentaire !
09/04/2023 14:40:07
merci de cette explication comprehensible et breve
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